Jean-Paul Riopelle saisit remarquablement les enjeux artistiques de son époque. C’est bien parce qu’il voyage dans les centres de l’art du monde, mais également parce qu’il entretient des relations avec les plus grands esprits de l’époque, tels que Giaccometti, Beckett, Artaud, Breton, Borduas, etc. Jeune adulte, il fréquente l’École des Beaux-Arts, mais la quitte rapidement parce qu’elle s’adapte mal à l’art moderne.

C’est l’École du Meuble, où enseigne Paul-Émile Borduas, qui décerne à Riopelle un diplôme en 1945. Déjà alors, le jeune prodige participe activement au déploiement de l’art moderne québécois. Il devient, entre autres, membre du groupe formé par Borduas, appelé les «automatistes», et signe ainsi le manifeste Refus Global.

Il s'associe aussi au mouvement surréaliste, mais s’éloigne éventuellement de ces divers courants artistiques pour fonder un mode d’expression qui lui est propre. On donnera plus tard au style caractériel de Riopelle le nom d'abstraction lyrique. Il est vite exposé un peu partout, à New York, Paris, Sao Polo et Venise. Au Québec, l'artiste a fait l'objet de plusieurs expositions majeure, notamment au Musée d'art contemporain (1982) et au Musée du Québec (1967). Il reçoit le prix Paul-Émile Borduas en 1981. Riopelle cesse complètement sa quête nomade dans les années 1960 pour s’installer définitivement dans la province du Québec, où il est né (1923) et dans laquelle il mourra également (2002).

Riopelle est un joueur des techniques et des disciplines artistiques. Aucune d'entre elles ne possède, pour l'artiste, un primat aussi fondamental que l'agencement de leurs pratiques. La gravure était porteuse d'une valeur que la peinture, par exemple, ne pouvait transmettre.