Comment conjuguer son métier et sa passion ? Un avocat québécois a trouvé la solution. Par amour pour l’art contemporain, il a décidé de transformer son cabinet en galerie d’art, tous les week-ends.
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Comme Obélix, il est tombé dedans quand il était petit. Sauf que la marmite de Me Stephen Angers, n’était pas remplie de potion magique mais de tableaux… « Dans ma famille, cela fait plusieurs générations que l’on collectionne les œuvres d’art », explique-t-il.
Ses parents et ses grand-parents avaient une importante collection d’art canadien, composée notamment d’œuvres de René Richard, Léo Ayotte, Susor Côté ou encore Marc-Aurèle Fortin. Il se souvient que ce dernier était même venu dîner chez sa grand-mère. »Depuis ma tendre enfance, j’ai donc baigné dans un monde entouré de tableaux », se rappelle Me Angers.
Le droit en héritage
Pour autant, au moment de choisir ses études, il opte pour le droit et la Faculté de l’Université de Montréal. Peut-être que les gênes y sont pour quelque chose… Son grand-père, Auguste Angers était issu d’une famille comptant plusieurs générations de juristes. Il fut lui-même procureur de la Couronne, plaidant à la cour Suprême comme deuxième avocat lors de grandes causes constitutionnelles au début du siècle. Mais il perdit son emploi lors de l’arrivée de Duplessis au pouvoir.
Alors qu’il étudie le droit, Stephen Angers pratique également l’escrime à un niveau très élevé, allant jusqu’à faire partie de l’équipe olympique canadienne à Séoul en Corée en 1988. Et c’est au cours d’un de ses voyages de compétition, qu’il découvre l’art contemporain. « J’étais complètement ignorant au départ, confie-t-il, et j’ai découvert que l’art contemporain était vaste, varié et intéressant par sa diversité, son côté éclaté et provocateur. » C’était à Paris, il y a 20 ans. Il revient au Québec avec sa première pièce contemporaine: une œuvre de Rachel Laurent. C’est le début d’une collection qui compte aujourd’hui près d’une centaine d’œuvres amassées au fil du temps.
Du virtuel au réel
Il y a 5 ans, il commence à échanger certaines de ses œuvres et à développer des liens avec différentes galeries, créant une galerie virtuelle. En 2009, cet ancien procureur de la Couronne décide de sauter le pas et d’ouvrir avec son partenaire d’affaires, Pierre Jamison, un lieu où il exposera ses pièces contemporaines. « Pierre est également un passionné d’art mais il n’appartient pas au milieu juridique, prévient-il en riant. Et c’est lui qui m’a soufflé l’idée.”
Le projet est donc de transformer le condo commercial, siège du cabinet de Me Angers aujourd’hui installé à son compte, en une vraie galerie d’art. « C’est un bureau d’avocats 5 jours par semaine et une galerie en fin de semaine », dit-il. Une initiative inédite à Montréal qui voit officiellement le jour le 17 mai dernier sous le nom de Galerie Angers.
Depuis lors, les réactions de ses collègues avocats, juristes ou magistrats, qui viennent découvrir les lieux, sont très positives. « Ils trouvent que c’est une belle façon de changer du bureau traditionnel d’avocats », rapporte Me Angers.
Roy Heenan comme modèle
Si l’envie de trouver un écrin pour ses œuvres a été importante dans la concrétisation de ce projet, l’admiration qu’il porte à un autre avocat a également été influente dans la création de la galerie. « J’ai été très inspiré par Roy Heenan d’Heenan Blaikie qui possède l’une des plus belles collections d’art contemporain, abritée par ses bureaux de Montréal, Toronto, Vancouver ou Calgary, livre Me Angers. Il a commencé lui aussi à collectionner ses premières œuvres dans sa vingtaine ». Il espère d’ailleurs avoir l’occasion de rencontrer ce grand collectionneur, un jour.
Mais qu’est-ce qui relie le droit et l’art dans la vie de l’avocat, hormis un lieu commun? « En tant que plaideur spécialisé en litiges, je suis amené tel un comédien de théâtre, de faire preuve de créativité, de cœur et de passion. Donc le lien entre les deux, n’est pas si paradoxal », conclut l’avocat.